La plus belle prose au monde (selon moi...)

Bien-sûr que vous avez raison de croire à la religion de l'amour, seule substance qui nous reste encore quelque peu de notre esprit perturbé.
Comme le Peintre achevant son tableau, il ne manque pas d'avoir mis judicieusement du noir pour justement faire ressortir les plus lumineuses autres couleurs.
C'est le relief de la vie, il en est ainsi comme dirait Jacques le Fataliste !

J'ai lu quelque part, encore récemment qu'Aragon n'avait rien contre la religion.

Je n'ai pas trop envie de commenter le passé communiste d'Aragon. La seule chose que je dirais, c'est que je l'admire, pour sa fidélité au parti, je l'admire parce qu'il a lutté pour ses idées jusqu'au bout.

Je suis une sympathisante communiste, dans la mesure où je me dis qu'un monde où tout le monde pourrait partager les richesses qui existent sur la terre, ce serait merveilleux. Mais malheureusement, c'est oublier la réalité humaine, qui montre que l'homme ne peut pas se contenter de stagner. Bien au contraire: l'homme a la compétition dans le sang. Le capitalisme, on le voit aujourd'hui, commence à avoir de sérieuses limites. Les actionnaires sont les premiers servis, tandis que les salariés, les premiers virés. Les entreprises qui font du bénéfice ne l'investissent plus pour leurs collaborateurs, mais au contraire, elles licencient en prévision de pertes futures. C'est un monde, ça! Et je pourrais continuer encore longtemps avec ce genre d'exemples!

La religion d'Aragon, c'est l'amour. L'amour de sa femme, de cette Femme. À travers elle, il a compris l'humanité. Il est devenu humain à son contact.

Je ne sais pas... que pensez-vous de tout cela? Est-ce que je vois trop en noir, ou est-ce un brin réaliste?

C'est clair qu'en cette expression lyrique, l'Amour est maître clef mais ce qui me gêne connaissant les convictions politiques de l'Auteur, c'est de se dire hérétique à toute religion, moi j'appelle celà l'anti dogmatisme mais il ne pouvait employer ce terme pourtant approprié étant un fervent communiste.

Le communisme étant pour moi une contre religion dogmatique comme l'orthodoxie de la majorité des églises !

Par ailleurs, tout en aimant Sartres, je note comme tous ces existentialistes qu'ils sont dans leurs recherches, leurs réflexions, toujours à la recherche de l'infini, soit de Dieu qu'ils ne nomment pas mais parlent d'écriteau comme pour le Christ, des allusions aux souffrances illustrées dans l'assassinat du Christ appelées par les cathos rédemption par le sacrifice. Pour sauver l'humanité...

Je pense qu'Aragon a rejeté des Eglises ce qu'il avait compris mal fondé et injuste... Mais il a jeté l'eau du bain avec le bébé, il me semble !
Le dadaisme était un élan d'ouverture à rejeter tout dogme, Breton, Eluard, Dali etc,, chacun en leur genre, leur éducation, leur moyen d'expression...

J'essaye simplement de comprendre l'expression intime de l'Auteur et ceci est une approche personnelle...

Mon Amie Raphaële George, justement était communiste, aimait Aragon et avait ce blocage alors, encore interdit mais courant moderne de l'anti-dogmatisme vers les religions. J'en fait allusion dans mon poème lui étant dédié et publié sur le site...
Elle était de Mère catholique et Bretonne et de Père d'origine Turque et Juif non pratiquant...

(De Louis Aragon, du poème ELSA)





Je suis l’hérésiarque de toutes les églises

Je te préfère à tout ce qui vaut de vivre et de mourir

Je te porte l’encens des lieux saints et la chanson du forum

Vois mes genoux en sang de prier devant toi

Mes yeux crevés pour tout ce qui n’est pas ta flamme

Je suis sourd à toute plainte qui n’est pas de ta bouche

Je ne comprends des millions de morts que lorsque c’est toi qui gémis

C’est à tes pieds que j’ai mal de tous les cailloux des chemins

A tes bras déchirés par toutes les haies de ronces

Tous les fardeaux portés martyrisent tes épaules

Tout le malheur du monde est dans une seule de tes larmes

Je n’avais jamais souffert avant toi

Souffert est-ce qu’elle a souffert

La bête clamant une plaie

Comment pouvez-vous comparer au mal animal

Ce vitrail en mille morceaux où s’opère une mise en croix du jour

Tu m’as enseigné l’alphabet de douleur

Je sais lire maintenant les sanglots Ils sont tous faits de ton nom

De ton nom seul ton nom brisé ton nom de rose effeuillée

Ton nom le jardin de toute Passion

Ton nom que j’irais dans le feu de l’enfer écrire à la face du monde

Comme ces lettres mystérieuses à l’écriteau du Christ

Ton nom le cri de ma chair et la déchirure de mon âme

Ton nom pour qui je brûlerais tous les livres

Ton nom toute science au bout du désert humain

Ton nom qui est pour moi l’histoire des siècles

Le cantique des cantiques

Le verre d’eau dans la chaîne des forçats

Et tous les vocables ne sont qu’un champ de culs-de- bouteille à la porte d’une cité maudite

Quand ton nom chante à mes lèvres gercées

Ton nom seul et qu’on me coupe la langue

Ton nom

Toute musique à la minute de mourir