Le scandale des retraites publiques
« Il ne faut pas monter les Français les uns contre les autres ». Sous ce prétexte fallacieux et hypocrite, le Conseil d’orientation des retraites refuse de dire la vérité aux Français sur les économies que les finances publiques pourraient réaliser si les régimes des retraites publiques étaient alignés sur ceux du privé.
Tout au plus a-t-il calculé le coût des retraites publiques en 2010 (3,52 % du PIB, soit 72,5 Md €) et en 2015 (3,95 % du PIB, soit 95 Md €). Et encore ces calculs ne prennent-ils pas en compte certains régimes spéciaux (la Poste, la Banque de France, l’ Opéra, etc), ni certains avantages annexes des retraités du public : soins de santé gratuits, électricité ou transport quasi-gratuits pour les retraités d’EDF ou de la SNCF, etc.
Or les avantages des retraites du public, par rapport à celles du privé, sont considérables. Ainsi, pour tous les fonctionnaires, la base de calcul de la retraite est la moyenne des 6 derniers mois, alors que dans le privé elle va bientôt passer à la moyenne des 25 dernières années. Il n’est pas étonnant que 17 % des fonctionnaires reçoivent dans leur dernière année une promotion « coup de chapeau » qui augmente leur retraite. Depuis le début de 2005, la pension des fonctionnaires est calculée en incluant les primes dans leur dernier salaire, ce qui n’était pas le cas auparavant, et accroît encore la différence avec le privé. Le « taux de remplacement », c’est-à-dire le rapport entre la pension versée la première année de la retraite et le dernier salaire, est de 75 % dans le public, alors qu’il est inférieur à 60 % pour les cadres du privé. Les pensions du secteur public s’accroissent chaque année comme les salaires des fonctionnaires, et no n comme l’indice des prix, pour les retraites du privé. Les conditions de réversion au conjoint survivant sont plus favorables dans le public, de même que les règles de cumul de la pension avec un emploi . Dans le public, une mère de 3 enfants peut prendre sa retraite après 15 ans d’activité, et les militaires ont droit à de multiples bonifications de leurs durées de services, comme par exemple pour des « services subaquatiques ». Les années d’études après concours d’accès à la fonction publique sont des années de cotisation à la retraite, alors que dans le privé les années d’études supérieures n’en sont pas. Les fonctionnaires partent en moyenne en retraite à 57 ans. Comme ils vivent plus vieux que les salariés du privé, la durée moyenne de leur retraite est de 21 ans, contre 13,5 ans dans le privé, soit + 55 %.
Le coût de tous ces avantages peut être estimé à une quarantaine de milliards d’euros par an, soit 80 % du déficit des finances publiques, ou 2.250 euros par an pour chacun des contribuables à l’impôt sur le revenu.
Il y a là de quoi susciter bien des révoltes. « L’égalité de traitement est une attente forte de l’opinion » dit un rapport du Conseil d’orientation des retraites. C’est pourquoi il est indispensable que la vérité lui soit cachée.